Rencontre avec une banshee

Quelque part, dans une ténébreuse forêt au nord d'Hazou qui ne porte plus de nom depuis longtemps.

Il faisait sombre, et la nuit était tombé bien plus vite que je ne l'avait imaginé. Bien que je connaisse le lac et et ses alentours, cette partie de la forêt était plus.. "malsaine" que toute celle que j'avais traversé auparavant, et le léger brouillard qui venait de se lever ne faisait qu'accentuer cet effet.
Une brise froide venant probablement du nord rafraichissait l'atmosphère jusqu'à la rendre désagréablement humide et un silence pesant m'entourait en me lançant d'inaudibles menaces. Je marchai entre les troncs mal formés, bercées par le subtil balancement de la marche de Scarla, ma tigresse.
Je revenait d'un de mes voyages à Shinuu et habituellement, j'aimais bien passé prés du lac. Mais aujourd'hui cependant, je n'étais pas tranquille, à la fois stressée et excité par la perspective des événements qui allaient se dérouler sous ses branches menaçantes.
Je me sentais épiée.. surveillée, par une entité à l'aura informe que je ne parvenais à distinguer. Elle se déplaçait en permanence, de sorte à ce que je ne puisse l'appréhender. Elle disparaissait puis apparaissait, successivement, toujours à des distances différentes.

J'intimai à Scarla de presser le pas vers le lac afin de quitter le couvert des arbres et la protection évidente qu'il procurait au propriétaire de l'aura.
Nous parvînmes à rejoindre l'eau après un petit quart d'heure de marche dans des conditions stressantes et je fût soulagée de sentir l'aura s'éloigner peu à peu de moi. Après qu'elle ai complètement disparu, j'entrepris de sonder l'eau, Malgré ce que la température ambiante pouvait laisser penser, l'eau n'était pas trop froide, vivifiante même, heureuse d'avoir la chance de me baigner avant de chercher un abri pour la nuit, je me déshabillai et entrai dans l'eau sous la surveillance de Scarla. Mais une silhouette ombreuse retint mon attention, une centaine de mètres plus loin, à moitié cachée derrière un arbre, cette chose disparu au moment précis où je posa les yeux sur elle, je reprit donc ma baignade, perplexe.

Maintenant que la jeune créature et sa féline se baignaient dans le lac, Namida prit un peu de temps pour se demander ce qu'elle allait faire, elle la suivait de loin dans la forêt obscure depuis une bonne demi-heure désormais et ne s'était toujours pas décidée à aller vers elle... Une envie irrépressible la poussait à aller voir la fille au cheveux rouge mais d'un autre côté Namida était terrorisée, on lui faisait du mal depuis si longtemps déjà... et toute ses rencontres précédentes s'étaient soldés en échecs.

Tu n'es qu'une idiote Namida, cette personne ne fera pas attention à toi car tu n'es qu'un déchet. Personne n'aime les déchets !

Un frisson parcouru l'échine de Namida.

Je... ne fait pas de bruit s'il te plait, sort de ma tête.

La voix s'énerva et devint plus forte, en l'entendant parler de grandes vagues de douleurs traversaient l'esprit de Namida.

Ne prend pas ce ton avec moi ! Tu veux que je sorte de ta tête ? Très bien je vais sortir et tu vas voir !

Elle eu l'impression que sa tête allait exploser, l'ange était en train de tenter de prendre forme.

NOON ! Je t'en prie reste ! ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, ne me fait pas mal comme ça !

La douleur s'atténua peu à peu et après un long silence la voix de l'ange résonna une nouvelle fois dans sa tête.

Très bien, mais aujourd'hui, tu vas me vouvoyer petite idiote.

C..Comme vous le souhaitez.

Bien, je te laisse aller à la rencontre de cette femme, de toute façon tu sais déjà comment cette histoire finira n'est ce pas ? Mais... petite sotte que tu es tu ne peux t'empêcher d'aller voir toutes ses personnes... et cette fois quand on t'agressera ne compte pas sur moi pour te venir en aide

Namida repris lentement ses esprits en s'appuyant contre un arbre puis elle partit en tanguant vers le lac [Tu sais ce que tu es ? Une masochiste ! Voila !] Elle sortit du couvert des arbres et se dirigea vers la jeune femme se baignant dans le lac. [Vas y, retourne te faire frapper ! Tu ne mérite pas mieux !] Une larme roula le long de sa joue, elle avait très peur.

La tigresse ne quittait pas Namida des yeux, et quand celle ci en fût à seulement deux pas, elle tomba à genoux devant le félin et le supplia le visage plein de larmes.

-S'il te plait grand chat, ne mange pas ma jambe, je t'en prie..

Je me baignai depuis quelques minutes quand Scarla grogna. L'aura de tout à l'heure était revenu, plus puissante mais aussi plus lointaine... Puis elle disparut aussi vite qu'elle était apparue.

Après quelques longueurs supplémentaires, la silhouette d'une jeune fille se découpa dans la pénombre de la forêt, à peine éclairée par le soleil couchant. Instinctivement je me rapprochai de la berge, plus prêt de mon katana, bien que la personne qui approchait était loin de présenter une quelconque menace. Scarla était elle aussi sur ses gardes, mais la tigresse blanche ne le montrait aucunement

Soudain la jeune fille se jeta à genoux, en pleine crise de larmes, et, la voix entrecoupée de sanglots, elle implora:

-S'il te plait grand chat, ne mange pas ma jambe, je t'en prie..

Pour une surprise c'était une surprise. La tension dans mes muscles comme ceux de Scarla se relâcha. En guise de réponse, car la tigresse était très sensible aux sentiments humains, elle lechouilla le visage de la jeune fille, me laissant le temps de sortir et d'attraper une serviette que j'avais sortie au préalable.

C'est alors que je pu la détailler plus précisément. Une chevelure grise, aux reflets métalliques, des vêtements un peu gothiques, noirs, rouges et blancs, mais surtout, et j'essayai de ne pas me focaliser dessus, pour ne pas qu'elle se sente... Je ne trouvai les mots pour exprimer ma pensée. Tout du moins, les deux cicatrices qui continuaient les commissures de ses lèvres, tels "l'homme qui rit" de Victor Hugo, avait de quoi en dégouter, voir effrayer plus d'un. Néanmoins j'étais une habituée des blessures et autres cicatrices, mais j'y trouvai une sorte d'attirance morbide qui m'amenait immanquablement à fixer les deux anciennes plaies...

"N'ai pas peur, elle ne te fera pas de mal."

"N'ai pas peur, elle ne te fera pas de mal."

Namida ne dit rien, elle regarda la dame, puis la tigresse, qui ne semblait pas avoir faim au point de manger sa jambe, et de nouveau la dame. Elle l'interrogeait du regard, comme pour être sur de ce qu'elle venait de dire.
Finalement Namida essuya ses larmes avec sa manche, blanche mais constellée de minuscules taches rouges, avant de se relever en tremblotant. Elle resta ainsi plusieurs secondes, hésitante, puis s'inclina très bas devant le grand félin.

-M..Merci ! Je vous remercie gentil chat !

Elle s'éloigna à reculons de l'imposante créature puis tourna son regard vers l'humaine, elle n'était plus qu'à quelques pas d'elle. Un pied après l'autre, elle se mit donc en route vers celle qui lui semblait déjà être une sorte de déesse magnifique et bonne.
Un long soupir traversa l'esprit de Namida, si proche qu'elle en sentit le déplacement d'air chaud sur sa nuque. Elle s'arrêta net.
Tu pense t'en sortir comme ça ? Si la bestiole ne te bouffe pas c'est parce que la maitresse te veut pour elle toute seule.

-Mais.. mais non... Le chat est vraiment gentil, c'est la dame qui l'a dit.

Oui... mais la dame elle va t'égorger dans ton sommeil et faire mumuse avec ton cadavre, et ensuite le "gentil" chat il pourra bouffer tes deux jambes.

-T.. Vous pensez ?

A ton avis ? Et si tu vas lui proposer ta cabane comme abri pour la nuit, je te jure que je réouvre ton ventre pour y prendre quelque chose, et ça sera certainement une organe un peu plus utile cette fois ci.

-NON ! Ne faites pas ça je vous en supplie !

-La dame est gentille...

L'ange ne répondit pas, et la migraine de Namida disparue presque totalement en l'espace de quelques secondes.

-Je..je vais aller voir... Ne prenez pas mon rein d'accord ? La dame doit dormir quelque part, avant la mauvaise nuit.

La jeune fille finit tant bien que mal de s'approcher de la femme au tigre, mais c'est à une distance respectable cependant qu'elle s'adressa à elle, hésitante.

-Ma.. madame ?
S..si vous voulez, vous p..pouvez vous reposer d..dans ma maison, pour la nuit... je... ma cabane.. elle est au n..nord.

En disant ceci Namida tremblait de terreur, elle n'osait pas regarder son interlocutrice et était inclinée en signe de respect pour elle.
Une larme couleur de sang, sombre sur les pâles pommettes de la jeune fille alla se perdre dans les feuilles mortes, laissant derrière elle une trainée pourpre en guise de preuve de son passage.

Elle était terrifiée, c'était indéniable. Pourtant je n'avais pas l'air d'une ogresse? Je m'approchai doucement d'elle, sortant un mouchoir de mon sac. Prenant garde à ne pas faire de geste brusque, car elle était tétanisée et tremblait dans tous les sens, je lui relevai la tête et essuyai la larme écarlate qui ne m'avait pas échappée. J'ignorais ce que pouvait ressentir la jeune fille, mais j'admirais son courage. Elle semblait mourir de peur, et elle avait pourtant osé m'approcher. Je lui fit un grand sourire, je la trouvai attendrissant, malgré ses cicatrices qui balafraient son doux visage. Je n'arrivai pas à déterminer l'age de la blessure. Je détournai la tête et me retournai vers mes affaires tout en lui parlant:

-Merci de ta proposition. J'avoue que l'idée de traverser cette forêt de nuit m'était plutôt désagréable. Je te suis, tu peux même monter sur le grand chat, il te laissera faire. Mais dis moi? Quel est ton nom?

Je séchai mes cheveux d'une onde d'ultrason, et rangeai mes affaires dans mon paquetage. D'un coup d'œil je cherchai si l'aura informe était revenue. Non rien à signaler. Voyant que la jeune fille ne répondait toujours pas, et ne bougeait plus, je l'installai sur Scarla, la prenant doucement sous les bras pour la soulever.


- Au nord Scarla! Moi c'est Maëlle, et toi?

Namida se sentait très mal à l'aise sur le dos de Scarla mais elle avait beaucoup moins peur a présent. La jeune femme s'était présenté sous le nom de Maëlle et avait été très gentille avec elle. Peu habituée à monter, Namida était balloté par la marche pourtant lente et régulière du chat et manqua plusieurs fois de tomber en se rattrapant à son pelage, elle s'excusait tout de suite après, la voix chevrotante, de lui avoir "fait bobo aux poils" mais le tigre ne semblait pas lui en tenir rigueur.
Pendant qu'ils marchaient, Maëlle observait en coin la jeune fille, qui n'avait pas osé lui parler depuis qu'elle avait donné la direction à prendre, se détendre peu à peu sur le dos de son félin. Elle avait toujours les yeux rouges d'avoir pleuré, mais ses larmes, écarlates ou non, n'étaient plus qu'un souvenir.

Cependant à peine quelques secondes plus tard, un stress intense pu à nouveau se lire sur le visage de Namida, comme si une horrible pensée venait d'assaillir les fines barrière de sa raison, et afin d'y remédier semble t-il elle s'allongea sur le dos de Scarla pour lui enlacer le cou de ses deux bras et se colla la joue tout prés de son imposante tête de félin.
-Grand chat, ronronne s'il te plait.. s'il te plait, s'il te plait, s'il te plait...

Après quelques secondes, le corps de l'animal tout entier se mit à vibrer doucement, accompagné d'un bruit grave, agréablement régulier, qui résonnait dans le silence lugubre de la forêt l'entourant.

-Merci beaucoup...

Les yeux de Namida se fermèrent d'eux même.
Après des années à se terrer, à craindre la nuit, les créatures atroces de la forêt, les habitants superstitieux et violents des petits villages voisins, toutes ses choses étranges peuplant ce sinistre royaume qu'elle n'avait jamais osé quitté, et par dessus tout sa conscience, qui la torturait en permanence avec des pensées macabres et douloureuses ; Namida se sentait presque en sécurité et pu se laisser aller quelques secondes à un sentiment méconnu, l'espoir.

Héeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee... !

Une montée progressive mais rapide de la douleur la poussa à inspirer profondément, comme pour retenir sa respiration juste avant que cette dernière n'inonde totalement son cerveau.

BOUM BABY !

Toute les pensées positive de Namida explosèrent à l'unisson à cet instant précis, projetant partout dans son esprit des milliers de bouts de verres ardent qui lui déchiquetèrent littéralement le cerveau de douleur, ses poumons brulant relâchèrent d'un coup tout l'air emmagasiné dans un cri de plusieurs dizaines de secondes, si déchirant qu'il fit fuir toute les chauves-souris et autre animaux nocturnes dans un rayon de plusieurs centaines de mètres.
Brisé par la douleur elle tomba à terre et percuta le sol violemment avant de se tordre de douleur dans tous les sens, comme prises de spasmes destructeurs.

Tu voulais me fausser compagnie ! HEIN ? HEIN ?

Tandis qu'elle hurlait toujours, de petits vaisseaux sanguins éclatait un à un sous sa peau blanchâtre laissant apparaitre de futurs hématomes.

Vas Y ! HURLE ! Qu'ils comprennent pourquoi on t'appelle BANSHEE ! Que tes cris les repoussent ! Qu'ils soient répugnes par toi et par ce qu'il adviendra de ton corps hideux !!!

Alors..aussi brusquement qu'ils étaient apparu, les spasmes cessèrent et le hurlement de douleur sans nom s'évanouit dans la nuit.
Allongée sur les feuilles mortes qui jonchaient le sol, n'osant même plus respirer, Namida gisait couverte de bleus et d'entailles, et avait le regard perdu dans la frondaison des arbres qui semblaient étendre leurs branches dans sa direction comme pour la frapper encore et encore.

Mais le bras de Namida se leva lentement dans la brume nocturne, et sa paume s'ouvrit entièrement dans un rayon de lumière lunaire qui avait réussi à se faufiler entre les branches et qui éclairait de manière presque moqueuse cette main, seule partie encore indemne du corps de Namida.

La Banshee ne trouva pas la force de résister, elle sanglota pâlement, contractant tout ses muscles en prévision de la douleur à venir quand, dans un craquement sec, son petit doigt se tordit en arrière, formant un angle de quatre-vingt dix degrés avec sa position initiale et lui arrachant un rapide cri qui se termina vite au profit de celui qui suivit lorsque l'auriculaire céda également, le tout sous le regard affolé de Maëlle, spectatrice de la scène insoutenable.

Elle ne m'avait toujours pas dit son nom, mais elle semblait ne plus avoir peur, perchée sur Scarla. Elle s'allongea même sur elle et lui demanda de ronronner. Je posai sur elles un regard tendre, affectueux. Nous marchâmes un petit moment quand l'aura revint, d'un seul coup, à coté de moi. Dans le corps même de le jeune fille! L'aura semblait l'envelopper, l'enserrer, même l'étouffer...
Un cri déchirant de douleur retentit alors, me vrillant les tympans. Elle tomba à la renverse sans que je n'ai eu le temps de faire quoi que ce soit, puis se convulsa en tout sens, se cognant contre les racines d'un arbre proche et s'entaillant contre les graviers et pierres saillants et tranchants. On aurait dit une épileptique. Je m'approchais doucement, essayant de comprendre. C'était surement l'aura, mais pourquoi maintenant? Et pourquoi une telle violence?
La crise cessa, et la jeune fille tendit la main vers le ciel obscur de la nuit étoilée. Deux cris, deux doigts. Je ne comprenais pas comment cela avait pu arriver. Je n'avait rien vu, et je ne percevais que l'aura autour d'elle. Les doigts s'étaient déboités d'un seul coup, sans signe avant coureur...

Je me décidai enfin à réagir, ma magie du son enveloppa la jeune fille et bloqua ses mouvement, empêchant qu'elle se blesse a nouveau. J'imaginai une douce mélodie qui parvint à ses oreilles, pour la calmer. Elle sanglotait et ses yeux roulaient dans tous les sens, affolés. Je fis signe à Scarla qui la renifla pour retrouver le chemin de sa maison. J'appuyais ensuite mes doigts à des points nerveux spéciaux et elle sombra dans l'inconscience. L'aura informe disparut aussitôt. J'étais tiré d'affaire temporairement. De deux coup sec, je remettais les deux doigts en place, puis suivit Scarla qui remontait la piste de la maison de la jeune fille, cette dernière dans mes bras, précieux fardeau...

La bicoque miteuse trônait derrière un bosquet de chênes. Je poussai la porte et découvris l'ambiance miséreuse dans laquelle la jeune fille vivait. Je l'allongeais sur le tas de foin et de feuille qui devait lui servir de couchette. Je pris deux couvertures dans mon sac, m'en servait d'une pour envelopper la fille et m'assis sur une souche de bois contre le mur, moitié endormie moitié gardienne, et Scarla se colla contre mon hôte pour lui tenir chaud. J'attendrai son réveil, mais ne cessait de faire jouer la mélodie douce, qu'elle ne panique pas dès son retour à la réalité...

Namida émergea lentement, une suite de sons agréable trottait dans son esprit et la rendait presque euphorique, cette douce mélodie semblait chasser l'ange et le mal de crane. Quand elle ouvrit un œil, le grand chat se mit à ronronner pour manifester sa joie et Maëlle sourit de soulagement.

-Tu as bien dormi ?

Namida était encore dans les vapes et son corps entier était douloureux, quand à sa main droite, elle pendait lamentablement, inutiles au bout de son bras écorché et couvert d'hématomes.
Bien qu'entourée par la chaleur du tigre et bercée par la douce mélodie, la peur et les questions reprenaient peu à peu le dessus.

Elle s'efforça de répondre aux plus simples ; elle était chez elle, dans sa maison. Madame Maëlle l'avait apporté jusqu'ici juste après que l'ange lui ai fait clairement comprendre que madame Maëlle ne devait surtout pas se rendre ici.
Elle frissonna. Il allait revenir, c'était certain, d'ailleurs il ne partait jamais vraiment.

Mais elle devait d'abord savoir si ils étaient toujours là... elle devait vérifier qu'il ne les avaient pas cachés...

-Madame Maëlle... vous avez vu mes parents ? Est ce que vous savez où ils sont s'il vous plait ?

Elle se réveilla enfin, le jour pointait à peine le bout de son nez. Elle était vraiment dans un sale état et n'était pas très rassurée.
Elle jetait des coups d'œil inquiets dans la cabane.

-Madame Maëlle... vous avez vu mes parents ? Est ce que vous savez où ils sont s'il vous plait ?

Je la regardais sans comprendre. Ses parents ? Personne n'était venu pendant la nuit, et personne à part Scarla la jeune fille et moi même n'était dans la pièce.

-Tes parents ? Je n'ai vu personne depuis que nous sommes ici... Ils étaient sencés revenir durant la nuit ?

Je me levais de ma souche et attrapai de quoi manger un peu, attendant que la jeune femme émerge totalement de son sommeil...
Je sentait tout de même que quelque chose clochait. Depuis qu'elle avait fait ce que j'avais appelé "sa crise", je me doutais qu'elle n'était pas très net et que je ne saurais surement jamais ce qu'elle cachait...

-J'aimerais bien rencontrer tes parents..

Faisant abstraction de sa douleur, Namida se dressa lentement sur ses jambes et se mit à fixer intensivement une vieille tôle rouillé qui reposait dans un coin de l'unique pièce, puis son regard vitreux passa sur le visage de la jeune femme, légèrement inquiète..

Mes parents aussi... aimeraient beaucoup... te rencontrer

Elle se dirigea vers la tôle et la traina sur quelques mètre à l'aide de sa main intacte, de manière à découvrir une petite trappe de bois interrompant le plancher.
Et sous les pâles lumières du jour levant, baignée dans la poussière tourbillonnante de la pièce, elle ouvrit la trappe dans un grincement sinistre dévoilant ainsi un petit espace sombre, dans lequel elle se pencha et farfouilla un long moment.

Quand elle se redressa, elle sortit deux choses de la cache souterraine... la première était un vieil ours en peluche, déchiqueté, et taché de rouge par endroit. Il lui manquait un bras mais un petit garrot semblait résoudre le problème, et les coutures défaites étaient recouvertes par de petits rubans de sparadrap.

Quand à la deuxième, ce n'était rien d'autre qu'un crâne, plus ou moins propre et bien vidé. Il était sale et couvert de terre, de sang, et de lambeaux de peaux, le tout dégageant un puanteur macabre fort désagréable.
Namida serra fort dans ses bras les deux objets puis s'expliqua à la gentille dame.

Voici papa et maman, il dit qu'il faut bien s'occuper de ses parents.

Je retenais ma soudaine envie de vomir, et celle de m'en aller derechef... Je plaignai réellement mon hôte. Elle semblait si fragile, si jeune, que n'importe qui l'aurait pris en pitié... La pauvre, elle semblait vivre seule depuis de longues année, années qui n'avaient pas été clémente avec elle. Très craintive et encline à la panque au moindre gestes brusques, je me doutais qu'elle avait du connaitre des expériences assez traumatisantes, à commencer par sa cicatrices... La preuve, elle refusai catégoriquement de me donner son nom, mis je ne lui en voulait pas. Je comtemplais un moment les deux reliques tirées de sous le plancher, puis repensais à ce qu'elle venait de prononcer...

-Il? Mais de qui parles tu? Qui est ce Il?

J'étais encore sous le choc, et je sentais qu'à la prochaine surprise de ce genre, j'allais vraiment me sentir très mal... Mon départ allait être retardé. Je me sentais la bonté de coeur d'aider la jeune fille...

[hrp, voila j'en fais pas plus, jsuis en plein tp informatique sur physique chimie mdr]

Madame Maëlle posait des mauvaises questions. Les questions qui étaient "mauvaises" étaient toute celle que les gens posaient avant de devenir distants ou violents avec Namida et elle avait appris à les reconnaitre rapidement.
Quand les gens avaient un ton surpris, offusqué, ou fébrile ; c'était mauvais.
Quand les gens parlaient de l'ange ; c'était mauvais.
Quand les gens manquaient de vomir ; c'était mauvais.
Et par dessus tout, quand le regard des gens changeait ; c'était mauvais.

Namida chercha le regard de Maëlle, il avait changé, mais pas de façon aussi inquiétante que ce à quoi on pouvait s'attendre, ses yeux semblaient chercher dans ceux de la jeune fille de ce qui pouvait la perturber, celle ci baissa le regard et commença à expliquer à la dame.

Il, c'est monsieur l'ange, c'est un monsieur qui habite dans ma tête...

Voyant l'air incrédule de Maëlle elle se rattrapa aussi vite que possible.

Je.. Attendez ! Je vais lui demander de venir d'accord ? Il va venir dire bonjour. Oui. Bonjour il dira...

Puis elle se tourna dans l'angle de la pièce et entama un monologue dont elle seule entendais la réplique.

Monsieur l'ange, pouvez vous venir dire bonjour à Madame Maëlle s'il vous plait ?

Non.

Elle veut beaucoup vous voir, vous lui feriez très plaisir en venant dire bonjour.

NON !

Aïe ! Il faut faire moins de bruits dans ma tête...
Dites juste bonjour s'il vous plait..

Tu m'énerve petite garce ! J'ai pas envie de saluer l'autre pouffiasse ! Mais je peux toujours lui arracher les dents si tu veux ?

Non... on ne lui arrache pas les dents... Namida jeta un coup d'œil dans son dos
Elle a les dents toute jolies.

Tu sais quoi ? Je lui dit bonjour si elle ne dort pas ici cette nuit.

D'accord, merci monsieur !

Une sorte de murmure guttural se fit entendre et dans le coin mal éclairé de la pièce, Namida se mit à marmonner des paroles inintelligibles avec fougue, comme en proie à un duel intérieur, puis elle se tût soudainement.

C'est dans ce silence dérangeant qu'une voix silencieuse s'éleva, dans ses circonstances si peu crédibles qu'on aurait dit un numéro de ventriloquie bien peu convaincant et fort effrayant à la fois.

Bonjour !
Sale !
Petite !
Idiote !
Innocente !

Bonjour !
Sale !
Petite !
Idiote !
Innocente !

L'aura était revenue, un peu plus consistante cette fois, moins informe mais onirique tout de même. Une personne normale aurait cru à une supercherie, mais cette faculté à la perception des auras me permettait d'affirmer le contraire. J'ignorai quelle était cette chose, sa puissance, si c'était un démon qui avait pris contrôles du corps, un quelconque esprit protecteur qui lui fut enchainé à la naissance. Quoiqu'il en soit, mieux valait ne pas lui demander de ce remanifester.

-Merci, je vois de quoi tu parles maintenant...

Je ne savais pas si j'étais capable de toucher cette Chose si elle tentait de nouveau quelque chose contre mon hote.

-Si tu veux m'en parler plus en détail, je suis curieuse d'en savoir plus sur l'Ange, mais tu ne dois surtout pas te forcer hein?

je ne voulais pas lui forcer la main, je sentais déjà qu'elle avait fait un grand effort pour me montrer l'Ange, il ne faillait pas qu'elle se sente agressée...

Maelle semblait s'interesser de prés à l'ange, et pendant un instant Namida fut terrorisée a l'idée que cette derniere puisse se l'approprier, elle ne pouvait pas vivre sans l'ange. Mais pour conserver une apparence sereine elle déclina simplement l'offre le plus poliment possible.
Une larme allant se perdre dans sa balafre de sourire factice qui altérait son visage trahit tout de même clairement sa peur.

Non, merci madame, je n'ai pas de problémes avec l'ange, il est gentil et s'occupe bien de moi. Gémit elle.

Pour de donner de la contenance, elle aurait aimé proposer à manger à son hôte mais elle n'avait pas la moindre baie. Elle fixa donc tristement ses pieds, ne savant pas où se mettre pendant que son ventre déformais le silence en y ajoutant ses cris de famine.

Non, merci madame, je n'ai pas de problémes avec l'ange, il est gentil et s'occupe bien de moi.

Gentil? Cela m'aurait presque fait sourire, après tout j'avais vu ce qu'il lui avait fait, mais ce n'était pas une chose dont il fallait rire. Un gargouillis assez audible m'indiqua qu'elle avait faim.
Sortant de mon sac un peu de viande séchée et de fromage, je lui donnai en lui souriant.

Sinon, j'imagine que tu ne veux toujours pas me dire ton nom?